Lucile Hadzihalilovic

A Propos de Evolution...

Avec Évolution, Lucile Hadžihalilović signe un film aussi envoûtant que dérangeant. Sorti en 2015, ce long-métrage franco-belge-espagnol déjoue toutes les conventions narratives pour proposer une expérience sensorielle et troublante, entre body horror et méditation poétique sur l’enfance et la métamorphose.


Dès les premières images, le spectateur est saisi par une atmosphère froide, presque clinique, qui rappelle l’univers de David Cronenberg ou certains récits de Kafka — mais sans jamais copier.

Lucile Hadžihalilović, déjà remarquée pour Innocence, poursuit ici sa réflexion sur le corps, le genre et l’autorité, avec une rigueur formelle saisissante. La caméra épouse les mouvements de l’eau, les silences sont lourds de sens, et chaque plan semble respirer une angoisse sourde. Le film évite l'explication facile et privilégie la sensation : Évolution est une œuvre que l’on ressent plus que l’on ne comprend, et c’est précisément ce qui en fait sa force.

Le minimalisme du scénario et la lenteur volontaire du montage laissent place à l’interprétation. Est-ce une parabole sur la puberté ? Une critique de l’expérimentation scientifique ? Une relecture féminine de la science-fiction biologique ? Peut-être tout cela à la fois — ou autre chose encore.

Loin du cinéma formaté, Évolution est un ovni poétique, organique, où l’horreur naît du calme, de l’étrangeté, du non-dit. Une expérience cinématographique rare, pour spectateurs curieux et audacieux.