Lucile Hadzihalilovic
A Propos de La Tour De Glace...
Dans La Tour de Glace, Lucille Hadzihalilovic signe un huis clos vertical aux allures de cauchemar cristallin. L’intrigue ? Une jeune fille est envoyée dans une étrange institution nichée dans une tour entièrement faite de glace. Là, le temps semble suspendu. Aucun adulte, ou presque. Juste des rituels, des chambres froides, des silences pesants et des murmures à travers les murs gelés. À mesure que la protagoniste monte les étages, le film plonge dans un délire sensoriel d’une lenteur volontaire, hypnotique, presque clinique.
« J’ai voulu explorer le passage à l’âge adulte comme une ascension impossible, vertigineuse, où chaque marche est une épreuve intérieure », explique Lucille Hadzihalilovic.
La Tour devient ici un personnage à part entière — une métaphore, bien sûr, mais aussi une prison vivante, traversée de craquements et de lueurs blafardes. La glace n’est jamais pure : elle est craquelée, imparfaite, traversée de souvenirs ou de visions. Comme dans Innocence ou Évolution, Lucille Hadzihalilovic travaille par couches, par textures. Chaque plan est sculpté avec une rigueur presque liturgique, et la bande-son — minimaliste, vibrante, faite de souffles et de gémissements étouffés — participe à cette immersion dans un froid mental.
La Tour de Glace est une œuvre rare, singulière, qui prolonge le sillon glacé et poétique d’une cinéaste à part. Lucile Hadzihalilovic signe ici l’un de ses films les plus radicaux, entre sculpture cinématographique et cauchemar éthéré. Une tour qui ne se visite pas : elle se subit, elle se rêve — ou elle se fuit.