CLIMAX AFFICHES  INTERNATIONALES

Rarement une affiche de cinéma n’aura autant condensé l’esprit d’un film et la personnalité de son réalisateur. Signée par l’affichiste Laurent Lufroy, l’affiche principale de Climax frappe d’emblée par son intensité visuelle : un grand rectangle rouge incandescent, des corps en suspension vus en plongée, et un slogan typographique qui claque comme un coup de poing.


Une plongée au cœur du chaos...

Au premier regard, le spectateur est happé par la composition centrale : une vue en contre-plongée d’un groupe de danseurs en transe, corps éparpillés, presque désarticulés. Cette perspective plongeante écrase les personnages et donne la sensation que la fête — sujet du film — bascule dans un gouffre infernal. On ne contemple pas une scène figée, mais un mouvement, une spirale, un tourbillon d’énergie prête à déborder du cadre.


Le rouge comme état d’alerte permanent...

Impossible d’échapper à la couleur : le rouge occupe la totalité de l’affiche. Il évoque simultanément la passion, le sang, la transe, mais aussi le danger. Plus qu’un simple choix esthétique, cette teinte saturée traduit la montée progressive du malaise dans le film, où une fête de danse tourne au cauchemar collectif. Le rouge, c’est aussi la lumière de la discothèque, le feu intérieur des corps, l’alerte visuelle qui dit au spectateur : “préparez-vous, vous entrez en zone extrême”.


Gaspar Noé a initialement imaginé une affiche dépliable pour le dossier de presse à Cannes, avec un ton ironique rappelant les critiques subies par ses films précédents. Le slogan « Vous avez méprisé Seul contre tous, haï Irréversible, exécré Enter the Void, maudit Love, venez fêter Climax » en est l’expression textuelle clé. C’est Laurent Lufroy, son fidèle affichiste, qui reprend cette idée en visuel fort, mêlant histoire personnelle et provocation graphique.


L’affiche traduit le chaos sensoriel du film à travers une esthétique rouge, organique et enflammée, collant parfaitement à l’atmosphère troublante de la fête tournant au cauchemar. La typographie, associée au visuel, joue sur l’ironie et les références culturelles, notamment au drapeau français — rappelant les rideaux rouge, blanc, bleu présents dans le film.

La collaboration Noé–Lufroy est profondément synergique : Lufroy conçoit l’affiche avec une fine compréhension du regard provocateur de Noé, tout en lui restant fidèle graphiquement et intellectuellement.