FILMS CULTES... AFFICHES CULTES !

Gaspar Noé a toujours accordé une importance capitale à l’image, et cela se reflète jusque dans les affiches de ses films. De Carne (1991) à Vortex (2021), chacune de ses œuvres a été accompagnée par un travail visuel aussi radical que ses mises en scène.

On y retrouve plusieurs constantes : des compositions qui frappent par leur frontalité, des typographies massives souvent sur fond noir ou rouge, et un goût pour l’iconographie choc. L’affiche d’Irréversible (2002), par exemple, reste marquée par une simplicité inquiétante, jouant sur un contraste de couleurs vives et sombres, à l’image du film lui-même. Celle de Love (2015), au contraire, provoque par son esthétisme sexuellement explicite, assumant un registre sensuel et sulfureux.

Noé aime aussi détourner les codes : l’affiche de Climax (2018) rappelle un collage psychédélique où les corps se tordent dans une danse infernale, tandis que Vortex (2021) adopte une approche plus sobre et fragmentée, fidèle à son récit éclaté et intimiste. Même ses premiers films, Carne et Seul contre tous, affichaient déjà cette volonté de brutalité visuelle : typographies écrasantes, visages en gros plan, menaces à peine voilées.

Au fil des années, ces affiches sont devenues des objets de collection, recherchés pour leur rareté et leur impact graphique. Certaines, comme celles de Seul contre tous ou Carne, circulent presque uniquement sur le marché du vintage. D’autres, comme Love ou Climax, existent en plusieurs déclinaisons plus accessibles, parfois réinterprétées par des artistes contemporains.

En somme, les affiches de Gaspar Noé ne se contentent pas d’annoncer un film : elles en condensent déjà l’expérience. Violentes, dérangeantes, parfois magnifiques, elles fonctionnent comme des miroirs de son cinéma, où l’image précède toujours le choc.

Les débuts : le choc brut (Carne, Seul contre tous)

En 1991, Carne, moyen-métrage cru et dérangeant, impose déjà une esthétique radicale. L’affiche japonaise, illustre un univers brut, presque sale, où le texte écrase l’image. Quatre ans plus tard, Seul contre tous (1998) confirme ce goût pour l’impact immédiat : le visage du « boucher », figé dans une expression de rage, s’affiche en gros plan. Pas de subtilité graphique, mais une promesse de confrontation directe avec la violence sociale et intime. (Cliquer sur la photo...)

La reconnaissance internationale : Irréversible (2002)

Avec Irréversible, Noé se fait connaître du grand public – et scandalise Cannes. L’affiche du film participe à cette aura sulfureuse : un fond rouge incandescent, une typographie verticale qui semble tomber comme le temps inversé de l’histoire, et des silhouettes perdues dans l’ombre. Rien n’est montré de la brutalité des images, mais tout est suggéré. C’est une leçon de minimalisme anxiogène. (Cliquer sur la photo...)

La transe psychédélique : Enter the Void (2009)

Sept ans plus tard, Enter the Void pousse encore plus loin l’expérimentation visuelle. L’affiche s’impose comme une véritable œuvre graphique : lettrage néon saturé, couleurs fluorescentes qui évoquent la signalétique tokyoïte et la drogue qui innerve le récit. Pas de visage, pas de corps, mais une explosion chromatique qui semble vibrer d’elle-même.

Là où Irréversible jouait sur l’économie de signes, Enter the Void assume le trop-plein : un univers psychédélique et hypnotique qui annonce déjà la transe de Climax. Cette affiche est devenue culte, au point d’être régulièrement rééditée en sérigraphies d’art. (Cliquer sur la photo...)

Entre désir et provocation : Love (2015)

Treize ans plus tard, Love marque un tournant. L’affiche joue cette fois la carte du choc explicite : un baiser sexuellement chargé, capturé au plus près, saturé de couleurs chaudes. Pas de détour : l’image assume le caractère pornographique et intime du film, brouillant les frontières entre cinéma d’auteur et cinéma érotique. Ici, l’affiche n’accompagne pas seulement le film, elle devient manifeste. (Cliquer sur la photo...)

L’explosion visuelle : Climax (2018)

Pour Climax, Noé abandonne l’épure au profit d’une composition délirante. Les danseurs du film s’entrelacent en une fresque géométrique, comme une transe figée. Couleurs criardes, typographie en capitales, mise en scène de corps désarticulés : tout annonce une expérience collective, fiévreuse et chaotique. L’affiche traduit parfaitement le film – une danse qui tourne au cauchemar. (Cliquer sur la photo...)

L’épure crépusculaire : Vortex (2021)

Avec Vortex, Noé change de ton. L’affiche adopte une approche beaucoup plus sobre : deux visages, deux regards, séparés par un trait vertical qui évoque le split-screen du film. Les couleurs sont ternes, presque effacées, comme la mémoire qui s’effrite chez ses personnages. Loin du choc frontal de ses œuvres précédentes, elle s’impose comme une affiche élégiaque, reflet d’un cinéma devenu plus intime mais toujours expérimental. (Cliquer sur la photo...)