Gaspar Noé|Insanely Cheerful|Bone Fiction|1998
Dans Insanely Cheerful, Gaspar Noé livre non pas un clip, mais quatre variations d’une même scène : une fête étouffante, filmée au plus près des corps. Chaque version explore une facette différente de son esthétique naissante.
La première déclinaison, la plus « classique », pose le décor : un appartement saturé, caméra à l’épaule, visages moites et énergie brute des années 90. La seconde reprend les mêmes actions, mais légèrement décalées — changements de plans, placements variés — comme un écho d’un monde parallèle.
La troisième version se fait plus heurtée : contrastes accentués, montage hachuré, insertions fulgurantes qui annoncent la violence visuelle de Irréversible.
Mais c’est la quatrième, la version stroboscopique, qui impose la signature Noé : flashs blancs agressifs, silhouettes pulvérisées par la lumière, sensation d’urgence sensorielle. Une véritable expérience physique plus qu’un clip.
En jouant la répétition et la distorsion, Noé montre déjà ce qui deviendra son territoire : un cinéma où la perception prime sur le récit, et où chaque variation devient une expérience à part entière.