Light up the Void  

Une nuit, un homme s’introduit dans la chambre de sa domestique et tente de la violer, tandis qu’en contrepoint un feuilleton radiophonique expose les pensées d’un homme emporté par une passion amoureuse.

Pulpe amère, aux origines du cinéma de Gaspar Noé

Réalisé en 1987, Pulpe amère est un court métrage expérimental signé Gaspar Noé, alors encore étudiant. D’une durée d’environ huit minutes, ce film peu diffusé constitue l’une des toutes premières œuvres du cinéaste franco-argentin, avant Carne (1991) et Seul contre tous (1998), qui le feront connaître du grand public.

Dépourvu de véritable intrigue, Pulpe amère s’inscrit dans une démarche sensorielle et radicale. Le film privilégie une succession d’images fragmentaires, souvent rapprochées du corps et de la matière, au détriment de toute narration classique. Cette approche annonce déjà le rejet des conventions cinématographiques qui caractérisera l’ensemble de l’œuvre de Noé.

Sur le plan formel, le court métrage se distingue par une caméra instable, un montage abrupt et un traitement visuel volontairement agressif. L’objectif semble moins de raconter que de provoquer une réaction physique chez le spectateur, une constante que le réalisateur revendiquera par la suite. Le titre, Pulpe amère, renvoie à une dimension organique et désagréable, traduisant l’intérêt précoce de Noé pour la chair, la violence et le malaise.

Bien que rarement projeté et difficile d’accès, Pulpe amère revêt une importance particulière dans la filmographie du cinéaste. Il fonctionne comme une ébauche esthétique des thèmes développés ultérieurement dans Carne, Irréversible ou Enter the Void, notamment la frontalité du regard et la volonté de confronter le spectateur à des images inconfortables.

Plus qu’un film abouti, Pulpe amère apparaît ainsi comme une déclaration d’intention : celle d’un auteur qui, dès ses débuts, envisage le cinéma comme une expérience physique et perturbante, plutôt que comme un simple outil de narration.